Ce mardi 19 novembre 2024, les rues de Tours ont été le théâtre d’une mobilisation importante des agents de la petite enfance. À l’appel du collectif « Pas de bébés à la consigne ». Près d’une centaine de professionnels ont exprimé leur ras-le-bol face à des conditions de travail qui. Selon eux, ne cessent de se dégrader. Cette situation alarmante, loin d’être isolée, a également été dénoncée dans d’autres villes à travers toute la France. Où des rassemblements similaires ont eu lieu.
Réunis sur la place de la Préfecture, éducateurs, auxiliaires et agents des crèches ont fait entendre leurs voix. Ensemble, ils ont clamé des revendications essentielles pour construire un avenir meilleur, tant pour les enfants de 0 à 7 ans que pour les équipes qui les accompagnent chaque jour dans leur développement.
Des revendications claires pour des conditions de travail plus humaines
Les professionnels, majoritairement des femmes, dénoncent une situation devenue intenable. Parmi les principales revendications, on retrouve :
- Des salaires insuffisants, qui, selon eux, ne reflètent pas l’importance et la complexité de leur métier.
- Une charge de travail écrasante, exacerbée par un sous-effectif chronique et des taux d’encadrement inadaptés.
- Des difficultés de recrutement, qui aggravent la pression sur le personnel déjà en poste.
Dans les crèches, le ratio actuel impose en moyenne un adulte pour six enfants, une situation que beaucoup jugent ingérable. « Gérer six enfants de moins de trois ans dans une structure qui peut en accueillir jusqu’à 60, c’est mission impossible », déplore Françoise Eber Muller, éducatrice en Touraine. Face à cette réalité, les manifestants demandent un ajustement progressif du taux d’encadrement : un adulte pour cinq enfants d’ici 2027, puis un pour quatre d’ici 2030.
Une filière en souffrance et peu valorisée
Cependant, améliorer le taux d’encadrement ne pourra se faire sans résoudre un problème de fond : la pénurie de personnel qualifié. Louis Marquet, président de la Fédération des éducateurs de jeunes enfants en Touraine, résume bien l’enjeu : « Plutôt que de former davantage, on embauche des non-formés, ce qui surcharge des équipes déjà épuisées. »
À cette surcharge s’ajoute un manque criant de reconnaissance. Romane, étudiante de 23 ans en formation d’éducatrice, illustre ce problème avec amertume : « On me dit encore que je ‘change des couches’. Pourtant, ce métier va bien au-delà : il exige du savoir-faire, du temps et énormément d’énergie. »
Un impact direct sur les enfants et la société de demain
Les conséquences de ces conditions de travail difficiles ne se limitent pas aux professionnels. Elles touchent directement les enfants. « Si nous ne leur offrons pas un cadre bienveillant dès la crèche, cela peut mener à des adolescents en difficulté », alerte Françoise Eber Muller. Elle rappelle que la petite enfance est une étape fondamentale pour bâtir une société équilibrée et épanouie.
Une mobilisation qui perdure depuis plus de 15 ans
Malgré ces revendications, le constat est amer. Depuis plus de 15 ans, les professionnels se mobilisent régulièrement, mais ils déplorent l’inertie des pouvoirs publics. Pourtant, les enjeux sont cruciaux : améliorer les conditions de travail des agents de la petite enfance, c’est garantir un accompagnement de qualité pour les tout-petits et, par extension, préparer un meilleur avenir pour tous.
Tours, comme d’autres villes en France, espère que cette mobilisation sera enfin entendue. Les manifestants portent l’espoir d’une évolution tangible, tant pour les enfants que pour les acteurs essentiels qui les accompagnent au quotidien.
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